10 janvier 2017

IA : le test de Turing n'est plus ce qu'il était.

Le test de Turing consiste, pour une intelligence artificielle, à tenter de se faire passer pour un humain, sans qu'un autre humain ne découvre qu'il ne s'agit pas, justement, d'un homme ou d'une femme. De nombreux commentaires ont été établis à propos de ce test qui, à l'époque de Turing, représentait une "expérience de pensée". Les informaticiens, portant les philosophes au mot, en ont fait un test permettant de sanctionner une frontière de performance des systèmes informatiques.
C'est à ce propos que Ashok Goel, professeur de "Computer Science and Cognitive Science" (lien) à la "School of Interactive Computing" de GeorgiaTech (Georgia Institute of Technology) d'Atlanta (GA, USA), a piégé ses étudiants en les mettant en relation toute l'année avec son assistante d’éducation, Jill Watson. Celle-là gérait les emplois du temps de la filière, et s’occupait de contacter les étudiants par email au sujet des dates de rendus de devoir et autres contacts pour leurs travaux. Elle a pu ainsi échanger quelque 10 000 messages avec les étudiants en un semestre. Or, Jill Watson est une intelligence artificielle qui s'appuie sur le site Piazza (plateforme de question-réponse) enrichie de 40 000 messages différents. Fille Watson ne répondait que lorsqu'elle évaluait sa propre crédibilité à ses réponses à plus de 97 %. Elle a été en mesure d’adresser 40 % des demandes des étudiants.
Le projet est maintenant d'introduire une procédure"dure de "double aveugle" en changeant de manière indépendante une vraie assistante d"éducation et un robot intelligent de répondre aux étudiants, sans préciser qui est qui (ou quoi ...).
La question que pose cette expérience et cette nouvelle utilisation du Test de Turing est celle de la validité de l'intelligence artificielle ou de la mesure d'une forme de "non intelligence naturelle" des fonctions que l'on confie aux humains. En effet, le test devient ici indice non pas de l'intelligence d'une machine mais de la qualification d'une forme de pauvreté du travail confié à certains opérateurs. Si une machine est capable de remplacer une personne, ce n'est pas forcément parce qu'elle est intelligente, mais probablement plus parce que la personne ainsi substituée est exploitée et cantonnée dans des taches de faible qualité cognitive. Dans l'idée de Turing, le test était une épreuve métaphorique virtuelle permettant de définir l'intelligence automatisée, et non pas un "indice de disqualification" des travaux confiés à des personnes dont on devra mesurer les conséquences "humaines" de cette disqualification.
De quoi nous remplir d'effroi lorsqu'on pense que Watson ambitionne de remplacer les médecins, les banquiers (là on peut comprendre) et les artistes, que certains grands avionneurs veulent supprimer les pilotes et que la robotique s'étend aux robots artisans, aux cobots industriels, et aux robots compagnons voire amoureux ...
(lien).

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